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Numérisation du capital : une révolution en marche dans les entreprises

par Alp ICT

La blockchain va contribuer à la croissance des sociétés par une prise de participation directe des clients et des fournisseurs. Cet actionnariat de proximité va donner naissance à une économie qui lui ressemble. Découvrez-en plus dans cet article rédigé par le directeur de la Fongit.

Ces dernières années, les applications liées à la blockchain ont été traitées comme la fable d’Ésope, dans laquelle le berger plaisante sur l’arrivée du loup, sans être cru, jusqu’au jour où le loup fait irruption. C’est un mécanisme bien connu pour certaines technologies qui suscitent de fortes attentes, mais nécessitent plus de temps que prévu pour être finalement adoptées. C’est le cas de la blockchain.

Cette fois le loup arrive, plusieurs indices le confirment. D’une part, les investissements d’acteurs spécialisés ne cessent de croître; d’autre part, la volatilité des marchés financiers a incité les acteurs traditionnels à investir dans les projets crypto et blockchain.

Deux cryptobanques suisses

Le financement en capital-risque des startup blockchain a ainsi atteint plus de 25 milliards de dollars en 2021, en hausse de plus de 700% par rapport à 2020. Ces investissements s’accroissent encore en 2022 par le bond des startup crypto, des jetons non fongibles (NFT), des DeFi et du Web 3.0, qui représentent aujourd’hui plus de 4% du capital-risque au niveau mondial, contre 1% en 2020.

En Suisse aussi, les projets blockchain attirent l’argent des investisseurs. Parmi les bénéficiaires, SEBA Bank et Sygnum Bank, deux cryptobanques suisses, ont récemment levé 200 millions de dollars à la suite de l’obtention, en 2019, de licences bancaires auprès de la FINMA.

« C’est l’émergence d’une nouvelle gouvernance d’entreprise, élargie et décentralisée, rendue possible grâce à la technologie distribuée. »

Ces sociétés se sont spécialisées dans le domaine du commerce d’actifs numériques (actions et instruments financiers conformes à la blockchain). Ainsi, SEBA a lancé les premiers jetons numériques qui permettent de posséder de l’or physique sous forme digitale, tandis que Sygnum a mené une opération similaire pour tokeniser un tableau de Picasso.

Une société genevoise dans les starting-blocks

Autre acteur à rejoindre la révolution en marche, MagicTomato. Leader romand de la livraison de produits frais, cette société s’est développée sur la confiance entre ses clients et les artisans qui fournissent leurs produits de qualité. À l’aide d’une technologie blockchain décentralisée, elle a ouvert son capital pour permettre à ses milliers de clients et artisans fournisseurs de faire directement partie de l’entreprise. MagicTomato crée ainsi un modèle de gouvernance communautaire et de propriété collective des plus innovants.

Les résultats de cette vente d’actions numériques dépassent largement les attentes pour une entreprise plutôt traditionnelle. Avec l’aide des leaders du domaine, la société genevoise Taurus, spécialisée dans la blockchain et le cabinet d’avocats Lenz & Staehlelin, MagicTomato a utilisé les dernières évolutions technologiques et réglementaires suisses en matière de blockchainpour ouvrir son capital et favoriser sa croissance.

Ce modèle d’investissement promet aux consommateurs et aux artisans de devenir les acteurs d’une économie qui leur ressemble. C’est l’émergence d’une nouvelle gouvernance d’entreprise, élargie et décentralisée, rendue possible grâce à la technologie distribuée. Dans la foulée, la société vaudoise QoQa a suivi le même chemin en s’adressant à sa communauté engagée et demandeuse.

Pour autant, la numérisation des actions ne se substitue pas à une cotation sur les marchés boursiers traditionnels, difficilement remplaçables, mais s’affirme comme une méthode complémentaire où l’actionnariat est ouvert à des investissements de plus long terme réalisés à la fois pour bénéficier d’intérêts financiers, mais aussi pour contribuer à la croissance de l’entreprise par une prise de participation directe.

Appel d’air attendu

Il faut garder à l’esprit que, si la revente des actions numériques, par le biais d’un marché secondaire, existe et se développe, elle reste encore relativement complexe. Cet aspect demeure cependant moins prépondérant vu la nature différente des acheteurs de ces actions qui, en général, ne sont pas des acteurs financiers et privilégient le développement de l’entreprise sur le long terme.

En identifiant l’énorme potentiel de réussite et de changement permis grâce à un actionnariat diffusé, MagicTomato et QoQa ont ouvert la voie. Attendons-nous à voir de nouvelles entreprises s’engouffrer dans la brèche.

Source : Bilan.ch

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