Les puces photoniques de Ligentec en passe d’alimenter l’industrie 4.0
Au lieu de fonctionner avec des électrons, les circuits intégrés photoniques reposent sur des photons (particules de lumière). Elles nécessitent beaucoup moins d’énergie que les puces électroniques et peuvent concentrer beaucoup plus de puissance de calcul sur une surface plus petite.
Ligentec est un pionnier dans un domaine déjà à la pointe du progrès : les circuits intégrés photoniques. Les circuits intégrés sont les sources de courant des puces d’ordinateur : ils reposent traditionnellement sur des électrons – d’où le nom de « circuits électroniques » – mais les circuits photoniques fonctionnent avec des photons, qui sont considérés comme des particules de lumière. Cela présente un certain nombre d’avantages : les puces photoniques nécessitent beaucoup moins d’énergie que les puces électroniques et peuvent concentrer beaucoup plus de puissance de calcul sur une surface plus petite. Elles ouvrent la voie à une toute nouvelle génération de robots, de capteurs et d’ordinateurs quantiques de haute technologie.
Avec ses circuits intégrés photoniques, Ligentec – abréviation de light generating technologies (technologies génératrices de lumière) – va encore plus loin. Grâce à sa technologie exclusive à noyau entièrement nitruré, ses puces permettent de gagner en miniaturisation et en capacité de traitement et peuvent être déployées dans un large éventail d’applications. Michael Geiselmann, le cofondateur de l’entreprise, explique les avantages de sa technologie – développée dans le canton de Vaud, à l’EPFL – et explique pourquoi il considère cette région comme un écosystème idéal pour les start-ups du secteur de la microtechnique.
Qu’est-ce qui fait des puces photoniques de Ligentec des produits révolutionnaires ?
Je dirais que notre technologie se distingue par deux facteurs principaux. Le premier est le matériau que nous utilisons dans nos plaquettes : le nitrure de silicium confère à nos puces une bande de transparence ultra large. Cela signifie qu’elles peuvent être utilisées dans une gamme beaucoup plus large d’appareils – des capteurs aux équipements de télécommunications – alors que la plupart des puces ne peuvent être utilisées que pour une seule application. Le deuxième facteur de différenciation concerne notre procédé de fabrication. Celui-ci repose sur des connaissances exclusives et des « astuces » qui nous donnent un avantage concurrentiel. Pour des raisons évidentes, je ne veux pas décrire ces astuces, mais je peux dire que nous sommes le seul fournisseur commercial de puces photoniques au monde à utiliser ce processus particulier – et donc à offrir les gains d’efficacité qui en résultent.
Comment vos puces vont-elles contribuer à la transition vers l’industrie 4.0 ?
Notre solution est véritablement une technologie d’avenir. Elle apporte une valeur ajoutée sur des aspects qui seront essentiels pour atteindre la prochaine étape de l’industrie. Lorsque l’on parle d’industrie 4.0, on entend généralement l’utilisation de systèmes numériques et d’automatisation pour transformer le mode de fabrication des produits, ce qui permet d’estomper les frontières entre les mondes numérique et physique. Il en résulte une sécurité et une productivité accrues, avec moins de déchets et de temps d’arrêt. Les puces photoniques de Ligentec contribueront à cette évolution en permettant des avancées considérables en termes de performances sur toute une série de marchés : des systèmes de détection et d’imagerie aux télécoms, en passant par les datacoms et même la réalité augmentée. Nos puces peuvent également améliorer les systèmes LiDAR, les détecteurs laser qui permettent aux véhicules autonomes et aux robots de naviguer avec précision dans leur environnement. Les puces photoniques en général, et les nôtres en particulier, peuvent effectuer de nombreuses opérations qui ne sont tout simplement pas possibles avec des circuits intégrés électroniques, et sont donc un complément parfait au monde électronique.
Quels avantages voyez-vous à être basé dans le canton de Vaud ?
L’un des principaux avantages réside dans les compétences en microfabrication qui existent ici. La production de nos puces repose en grande partie sur les mêmes méthodes que celles utilisées pour les puces électroniques. Et une grande partie de la microtechnique à la base de ces méthodes a été développée ici même en Suisse, pour l’industrie horlogère. Les ingénieurs d’ici ont acquis un grand savoir-faire dans le type d’outils et de procédés que nous utilisons. Je tiens également à mentionner les infrastructures de fabrication ultramodernes de l’EPFL, qui ont été une ressource essentielle. Voilà donc un des principaux avantages de la Suisse et du canton de Vaud.
En quoi le fait de faire partie du réseau Scale Up Vaud vous a-t-il aidé ?
J’ai été en contact avec Innovaud dès le début, lorsque nous avons commencé à créer une entreprise pour commercialiser notre technologie. Ils nous ont aidés à comprendre l’écosystème local des startups et à parcourir le chemin entre le laboratoire de recherche et une entreprise établie. L’équipe nous a mis en contact avec des personnes clés ici dans le canton de Vaud, notamment pour explorer les possibilités de financement – nous avons pu obtenir un prêt sans intérêts de la FIT et participer aux programmes Venture Kick et ESA Business Incubation Centre, par exemple. Nous avons également été récemment reconnus comme une Scale-Up vaudoise, au vu de notre croissance rapide. Cela ne date que de cette année, mais je peux déjà dire que le programme Scale-Up a été formidable pour rencontrer les CEO d’autres entreprises de taille similaire. Nous sommes tous confrontés aux mêmes défis à ce stade de notre développement commercial, quel que soit le secteur, et partager ensemble notre expérience et les leçons apprises nous a été très utile.
Quels sont vos futurs projets de développement commercial dans le canton de Vaud et à l’international ?
Nous prévoyons de maintenir le volet R&D de notre activité dans le canton de Vaud. L’EPFL fournit un fantastique pool d’ingénieurs qualifiés, en plus des installations que j’ai mentionnées précédemment. Actuellement, notre équipe compte 35 employés, mais nous sommes en train d’embaucher et nous espérons atteindre 45 employés d’ici la fin de l’année. Sur le plan international, nous avons établi un partenariat avec une entreprise de fabrication à grande échelle en France afin de pouvoir produire nos puces en grande quantité ; sans cela, construire nos propres capacités de production à partir de zéro serait un trop gros investissement. Le fait de faire partie du programme Scale-Up Vaud nous aidera également à développer nos activités, car il nous donnera plus de notoriété dans le canton de Vaud et dans toute la Suisse, et nous rendra plus attractifs en tant qu’employeur et comme partenaire technologique. Seul bémol : la Suisse est pour l’instant exclue du programme de recherche Horizon Europe, un programme doté de 100 milliards de francs.
Y a-t-il des défis professionnels qui vous empêchent de dormir la nuit ?
Actuellement, notre plus grand défi est sans doute de choisir l’application technologique et le marché sur lesquels nous allons nous concentrer. Comme je l’ai mentionné précédemment, nos puces peuvent être utilisées dans toute une série d’applications – mais nous n’avons pas les ressources nécessaires pour développer chacune d’entre elles. Et tous les marchés auxquels nous nous adressons se développent à vive allure. La demande de circuits intégrés photoniques est élevée dans tous les domaines, mais nous devons choisir l’application spécifique et le segment de marché qui présentent le plus grand potentiel pour nous à l’avenir. Je suppose que c’est un problème agréable !
Source : Innovaud