3 tendances cachées observées lors du Mobile World Congress 18

Pour la 5ème année consécutive, Alp ICT était partenaire et co-organisateur du Pavillon Suisse au MWC18 aux côtés de Switzerland Global Enterprise et d’Innosuisse. Pour cette édition, 13 sociétés suisses étaient présentes sur le Pavillon (parmi lesquelles les romandes Olympe (VD), Katia (VS) et Roxer (JU)), présentant leur technologie et innovation lors de ce rendez-vous annuel et incontournable pour l’Industrie Telco/Mobile. L’occasion était donc parfaite pour aller dans les allées du salon afin de « sentir » le marché et se prêter à l’exercice périlleux d’analyser les grandes tendances de fond. 

La voiture devient intelligente, partagée et se transforme en plateforme

Il n’est pas nouveau de voir des voitures sur les stands du MWC, certaines ayant pour unique objectif d’attirer les visiteurs avec leurs courbes racées. Toutefois, cette année, la plupart des véhicules présents avait un tout autre but: présenter les avancées technologiques réalisées à bord.

Il semble en effet que les constructeurs et équipementiers aient intégré dans leur réflexion la dimension UX à bord de leurs véhicules et travaillent activement à l’améliorer significativement. Le point commun entre (presque) tous se résume en deux lettres: A.I.

Mercedes présentait ainsi la nouvelle Classe A qui intègre sa nouvelle planche de bord, que l’on devrait renommer désormais écran de bord tant la place prise par l’écran devient importante. Au delà de l’amélioration spectaculaire de l’UX offerte au propriétaire au travers d’un degré de personnalisation de l’affichage encore jamais atteint, on retiendra surtout l’intégration d’une intelligence artificielle à bord qui permet à la voiture d’apprendre des usages et habitudes de l’utilisateur et ainsi lui faire des recommandations. La voiture intègre également Alexa, le service d’Assistant Personnel Intelligent d’Amazon. Vous pouvez ainsi parler naturellement à votre voiture et lui demander tous ce que vous souhaitez (météo, news, musique, etc.).

Seat présentait une offre similaire: Seat ID, son app. pour smartphone permettant de configurer à souhait le véhicule, et son A.I. nommée Iris Mobility Advisor qui, en fonction de vos habitudes et préférences, mais également du traffic, de la météo et tout autre événement externe, vous fera les meilleures recommandations d’itinéraire voire de mode de transport, le système ayant vocation à être multi-modal.

Note: Le système de Mercedes et dores et déjà implémenté en production, celui de Seat n’étant pour l’heure qu’un concept.

Toyota présentait le Smart Device Link, véritable intégration du smartphone et de ses applications dans le véhicule, permettant de piloter les apps depuis le véhicule. Exemple: le GPS de la voiture est remplacé par l’app Tom-Tom de votre smartphone et s’affiche sur l’écran du véhicule. Toyota revendique déjà plus de 100 apps supportées et a ouvert son API aux développeurs externes.

SAP présentait sa solution Leonardo, une marketplace agrégeant toute sorte de données (lieu et coût des parkings, stations services…) et permettant le paiement via l’intégration de Mastercard. Ainsi, il est désormais possible par exemple de réserver et payer en avance sa place de parking, payer son essence, réserver et payer une livraison de repas, tout cela sans quitter son véhicule. A terme, d’autres services viendront se greffer à Leonardo: services d’entretien du véhicule, d’assurance, de contrôle de pollution (particulièrement utile pour les villes à péage urbain telles que Londres), etc. La solution est dores et déjà live aux Etats-Unis et en Allemagne.

Nokia présentait une solution développée pour Hertz visant à digitaliser la location de véhicule via une application sur smartphone permettant d’établir un contrat de location, de débloquer le véhicule à distance via une clé électronique, et de régler sa location directement depuis son smartphone.

Enfin, Idemia (née du rapprochement de Oberthur Technologie et Morpho) présentait son concept d’Augmented Identity, notamment via une app. dédiée au car-sharing visant à faciliter la location et le partage de véhicules. Cette technologie est un véritable concentré de nouvelles technologies: reconnaissance faciale (via un selfie en 3D), paiement mobile, crypto-sécurité, IoT, etc. Depuis le smartphone, il est possible de louer un véhicule (le selfie 3D assure qu’il s’agit bien de la même personne que sur la pièce d’identité enregistrée initialement lors de l’inscription au service), de l’ouvrir et le démarrer à distance via une clé virtuelle (via un bundle spécifique branché sur le port OBD du véhicule), et enfin de payer son contrat de location. Au vu du pédigrée de la société (Oberthur étant notamment l’un des leaders mondiaux des documents officiels types passeport et carte d’identité, et donc des solutions de sécurisation et de digitalisation qui les accompagnent), on peut être rassurés quant au degré de fiabilité et de sécurité de la solution. 

Le monde de demain s’ouvrira sans clé

L’identification via une solution biométrique est désormais chose courante, et nous le faisons tous des dizaines de fois par jour sur notre smartphone par exemple. Il semblerait d’ailleurs que la marque à la pomme ait fortement influencé le reste de l’industrie tant la reconnaissance faciale est désormais omniprésente, à l’image de l’Augmented Identity présentée par Idemia (voir plus haut).

Ainsi, KT Corporation (anciennement Korea Telecom, principal opérateur télécom en Corée du sud) présentait un coffre-fort ainsi qu’une poignée de porte dotés d’un module de reconnaissance faciale, mais également une clé USB a reconnaissance d’empreinte rétinienne.

NEC démontrait l’ensemble de ses solutions regroupées sous le label Bio-IDiom: reconnaissance 3D pour mobiles, reconnaissance faciale boostée à l’A.I. pour caméras de surveillance, et allait même jusqu’à parler de reconnaissance acoustique (ce communiqué de presse datant de 2016 vous en dira plus sur cette technologie qui, en l’état, reste encore une vision d’avenir chez NEC).

Infinéon présentait sa nouvelle caméra 3D Real3™ pour une intégration massive de la reconnaissance faciale 3D dans la prochaine génération de téléphones.

Enfin, et à titre anecdotique, Mercedes présentait  un prototype de concierge virtuel avec un rendement visuel proche de la perfection, capable de détecter les émotions de son interlocuteur et d’adapter son expression faciale. Pour l’instant, aucune interaction n’est possible (pas de reconnaissance faciale ou de langage, pas d’AI implémentée), mais nul doute que Mercedes nous montrait discrètement et en avant première le futur de son interface homme-voiture. 

L’arrivée d’un géant Chinois en Europe

La présence de Xiaomi pour la première fois au Mobile World Congress ne semble pas avoir déchaînée les passions, tous les regards étant attirés par le chant des sirènes de la 5G qui peuplaient toutes les allées du show. Xiaomi avait certes un stand imposant, mais de taille raisonnable en comparaison des mastodontes Samsung, HTC ou Huawei. C’était pourtant de notre point de vue un véritable événement, beaucoup plus excitant que la présentation des derniers smartphones des constructeurs.

Souvent appelé l’ « Apple Chinois » et souvent taxé de plagiat des produits Apple, Xiaomi a été crée en 2010 et son premier produit fut MIUI, OS pour téléphones mobiles basé sur Android. 8 ans plus tard, la société est valorisée plus de $46 Milliards, est le 5ème fabricant mondial de smartphones et a une gamme de produits allant du téléphone à la bouilloire connectée, en passant par les baskets connectées ou des lampes de bureau. Une gamme beaucoup plus large qu’Apple donc, et qui s’agrandit chaque jour…

Le point commun entre tous ces produits? Un design simple et élégant, des matériaux nobles, une technologie à la pointe de ce qu’il existe, et un positionnement prix ultra agressif. A titre d’exemple, voici quelques produits phares présentés lors du MWC18:

• Mi Action Camera 4K (comparable à la GoPro) : 150$
• Stabilisateur 3D (comparable au DJI Osmo Mobile): 100$
• Soit le pack Camera + stabilisateur pour 250$ (!)
• Mi MIX 2 Smartphone (le haut de gamme du constructeur): 499$
• Mi Laser Projector: 1200$ (prix annoncé)

Malgré l’ouverture récente et discrète de son tout premier magasin en Europe (à Barcelone), Xiaomi affiche pour l’heure une ambition raisonnable: comprendre le marché Européen et adapter ses produits aux consommateurs locaux. La stratégie est simple: pénétrer le marché par le smartphone avant de déployer les produits annexes. Discret et raisonnable, Xiaomi constitue néanmoins un concurrent de taille aux Apple, Amazon, Microsoft et consorts, et nous devrions voir rapidement de nombreux Xiaomi Stores fleurir dans les principales capitales européennes. Une bonne nouvelle en quelque sorte pour ceux qui voudrait s’affranchir de l’hégémonie des sociétés américaines sur leur environnement. 

Rendez-vous l’année prochaine!

Le Mobile World Congress 2018 s’est tenu du 26 février au 1er mars à Barcelone et a réuni plus de 2’400 exposants et 107’000 visiteurs, représentant 205 pays. La prochaine édition aura lieu du 25 au 28 février 2019. Si vous êtes intéressé à y participer, n’hésitez pas à solliciter notre équipe Alp ICT!