Quels seront les impacts de la crise sur l’utilisation des blockchain ?

Le COVID-19, un accélérateur du changement digital

La crise sanitaire que nous traversons engendre de nombreux bouleversements aussi bien au niveau de nos habitudes quotidiennes que sur l’ensemble du paysage économique. En effet, au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie de Covid-19 en Suisse et ailleurs, le digital s’est propagé aussi bien dans nos actions quotidiennes que dans les tentatives de réponses aux problématiques de cette crise. Que ce soit pour aider les patients et le personnel de santé, assurer le suivi des cours en ligne, mettre en place le télétravail ou encore rester en contact avec nos proches, le digital est partout afin de limiter les contacts physiques.

La numérisation de la société était inévitable, mais souvent repoussée par différents mécanismes, notamment réglementaires. Dans cette situation inédite, des ordonnances ont été passées pour permettre l’identification et la signature électronique de façon généralisée. Le nombre de téléchargements des plateformes de visioconférence a notamment explosé avec un nombre record de 62 millions de téléchargements. Cependant cette accélération du digital démontre aussi ses limites comme en témoigne le scandale de l’exploitation des données utilisateurs sur la plateforme de visioconférence Zoom. Et si certaines technologies permettaient de bénéficier de la technologie sans compromettre la sécurité de ses données ? La technologie blockchain pourrait constituer une clé de réponse à cette problématique et le contexte actuel accélérer sa mise en oeuvre. 

La blockchain permet de conserver ses droits à la possession des données

Les questionnements et débats éthiques sur le droit à la possession des données sont d’autant plus d’actualité avec des projets de traçabilité des personnes dans ce contexte d’épidémie. Pour être efficace et sortir du confinement au plus vite, le traçage numérique doit être obligatoire, estiment certains. D’autres refusent de concéder leurs droits.

L’enjeu du siècle est de conserver la possibilité à l’anonymat contre les utilitaristes fanatiques qui voudraient assurer le bien de tous en mettant chacun en cage affirme Gaspard Koenig. Faudrait-il accepter de renseigner ses données personnelles au nom de la santé collective et au détriment de la liberté individuelle ?

Le recours à la technologie blockchain permettrait de trouver une réponse en préservant les libertés tout en gardant l’atout du numérique. En effet, une application de traçage couplée à la technologie blockchain permettrait d’anonymiser les données afin de laisser la possibilité aux individus de décider avec qui ils souhaitent les partager tout en garantissant la fiabilité des données. De nombreux autres cas d’applications pourraient bénéficier de la sécurité et l’anonymisation des données. Que ce soit au niveau du partage d’informations de santé avec des dossiers médicalisés ou encore sur les réglementations bancaires traitant de données sensibles, la blockchain permet de garantir le cryptage des informations tout en maximisant l’efficience des processus.

Les acteurs blockchain ont déjà des solutions en place. C’est l’exemple de Wecan Comply, une solution adressant les réglementations bancaires. Le secteur n’attend plus que l’accélération du mouvement pour se déployer de façon globale.

Mieux gérer les chaînes d’approvisionnement grâce à la blockchain

Un autre cas dans lequel la blockchain pourrait palier à des problématiques de partage de données est celui des chaînes d’approvisionnement. La pandémie actuelle a démontré que les gouvernements et entreprises disposant d’une infrastructure numérique solide et de réglementations habilitantes gèrent les ruptures de chaîne d’approvisionnement bien mieux que ceux qui n’en disposent pas. Avec les perturbations actuelles de la chaîne d’approvisionnement, la nécessité d’obtenir une plus grande visibilité a été réitérée. Celle-ci est considérée comme essentielle pour optimiser l’efficacité et l’agilité. Lorsque des perturbations critiques surviennent, la transparence devient essentielle pour comprendre l’impact sur le reste de la chaîne. En effet, la pénurie de masque qui a eu lieu au début de cette pandémie aurait pu être largement réduite voir évitée avec une meilleure visibilité sur la totalité de la chaîne et donc ainsi en accélérer la production en visualisant bien plus rapidement les points bloquants de la totalité de la chaîne de valeur.

Cependant certains fournisseurs ne révèlent pas d’information aux clients finaux, même s’il est aisé de le faire. La crainte de la perte de leur avantage commercial en rendant visible aux clients leurs activités, leurs prix et leurs sources d’approvisionnement sont en causes. Les fournisseurs devraient pouvoir contrôler exactement qui reçoit ces données de leurs parts et vérifier ces contrôles de manière indépendante.

Seulement, lorsque les données contenues dans ces communications doivent être distribuées à plus de deux parties, les systèmes traditionnels de la chaîne d’approvisionnement, qui sont centralisés, ne peuvent pas accorder des contrôles d’accès indépendants et vérifiables à chaque partie. La blockchain par son système décentralisé est le meilleur moyen de donner aux fournisseurs la confidentialité dont ils ont besoin et aux acheteurs et parties prenantes de la chaîne de valeur la visibilité nécessaire. Les fournisseurs peuvent alors directement vérifier leurs autorisations de partage de données et celles-ci peuvent être distribuées en toute sécurité à d’autres membres du réseau. Le Forum économique mondial dans l’un de ces derniers rapports sur les chaînes d’approvisionnement soutient qu’un système décentralisé utilisant la blockchain répond parfaitement à ce besoin. 

Le potentiel de la blockchain démontré en temps de crise

Les bénéfices de solutions blockchain mis en évidence par la crise actuelle, permettront d’éprouver leur utilité et de démontrer son impact en terme d’efficacité, de transparence et de sécurité des données. Beaucoup comprendront alors qu’elle permet un important gain de temps notamment en ne passant pas par l’étape de « numérisation », mais en allant directement vers la « validation des transactions » sans transmission de documents, quels qu’ils soient.

Afin d’accompagner le déploiement à grande échelle de ces solutions, un soutien et un cadre légal favorable de la part des politiques gouvernementale est essentiel. Avec la pandémie actuelle, on assiste à une augmentation du rôle de l’Etat. Dès lors, l’intervention gouvernementale contribuera notamment à ces bouleversements du paysage numérique et économique. En effet, les Etats les plus développés et les fonds d’investissement vont reprendre la gestion de sociétés privatisées. Cela concerne aussi bien des entreprises considérées comme des monopoles naturels avant la mondialisation, que des sociétés stratégiques qui auront des problèmes de liquidités. Quant à la population des pays les moins développés, elles pourraient se révolter par une situation sanitaire et économique désastreuse, engendrant de profonds changements géopolitiques. Au niveau des réglementations, les Etats adapteront leurs réglementations pour faciliter les services numériques qui auront été adoptés massivement pendant cette période de confinement.

Bien que la société va tendre à revenir à la normale en reprenant au fur et à mesure son cours, les outils numériques prouvant leurs bénéfices durant ce confinement resteront. La crise sanitaire et économique actuelle a révélé le fort potentiel de la blockchain dans de nombreuses applications, apportant des solutions tangibles et uniques pour les individus et les entreprises.