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#interview L’entreprise jurassienne Geosatis veut devenir leader mondial dans la surveillance électronique

par Sandrine Barrucand

La société

Geosatis est une entreprise suisse basée à Noirmont, dans le canton du Jura. Spin-off de l’EPFL, elle a été fondée en 2011 par José Demétrio.  

Le projet

Geosatis développe une solution globale de surveillance électronique adaptable en fonction des besoins spécifiques de chaque client, qui permet notamment l’exécution de peines de courte durée sous surveillance électronique. L’entreprise a conçu un bracelet électronique de géolocalisation de haut niveau de sécurité, capable de résister ou de détecter presque n’importes quelles attaques radio, ainsi que toute tentative d’arrachage ou d’atteinte à l’intégrité des composants électroniques du dispositif. 

Le développement

Depuis sa création, la société jurassienne a évolué rapidement, passant de start-up à PME, avec l’accélération de ses activités, le déploiement de son marché à l’international, l’explosion du nombre de partenariats et de collaborateurs. L’occasion pour Alp ICT de faire le point sur leurs projets. Merci à Guillaume Gagnier, Head of Corporate Development chez Geosatis, de nous avoir accordé cette interview depuis New York.

L’interview

Alp ICT: Félicitations pour les CHF 2 millions de contrats signés depuis le début de l’année 2017. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces partenariats?

José Demétrio: Notre bracelet électronique est actuellement testé dans les cantons du Jura, Neuchâtel et Fribourg. L’enjeu est grand puisqu’en janvier 2018, tous les cantons romands auront l’obligation d’être pourvus d’une solution de surveillance électronique.

Le Tessin utilise déjà notre bracelet de manière officielle et nous sommes en discussion avec quelques cantons de Suisse alémanique.

Afin de répondre aux nombreuses demandes, nous avons passé le cap des 40 collaborateurs il y a un mois, dont une majorité d’ingénieurs rattachés à des pôles de compétence diversifiés. 

Alp ICT: Comment expliquez-vous le succès de votre solution à l’étranger?

José Demétrio: Le marché est assez simple dans notre domaine. Il n’existe environ que 5 sociétés, qui sont principalement américaines ou israéliennes, donc Geosatis est le principal acteur au niveau européen. De plus l’image Suisse a beaucoup d’importance dans ce secteur car de nombreuses données sont collectées par le bracelet et la garantie de sécurité est primordiale.

Cela permet de nous développer activement sur le marché Européen. Ces pays sont notamment intéressés par le fait que notre solution permet l’utilisation de plusieurs systèmes de constellation de satellites, et pas seulement le GPS. Nous avons aussi beaucoup de développements en Amérique du Sud et nous travaillons activement au Maghreb. 

Alp ICT: L’Afrique du Sud a adopté votre système de surveillance depuis quelques années déjà. Quels en sont les retours d’expérience?

José Demétrio: Il s’agissait de notre tout premier déploiement, qui constitue toujours un grand challenge car on passe d’une utilisation théorique à une utilisation réelle. Nous avons été réactifs sur les demandes du client et la solution fonctionne aujourd’hui très bien.

Si le client demande un développement supplémentaire, nous sommes prêts à l’apporter car notre solution n’est pas figée, tout au contraire. Les régimes judiciaires sont propres à chaque pays donc cela nous demande des adaptations. Nous possédons désormais une vraie expertise dans l’adaptation de la solution à chaque système légal, ce qui est une vraie valeur ajoutée.

Alp ICT: En quoi vous différenciez-vous de vos concurrents?

José Demétrio: Notre démarche se situe à l’opposé de nos concurrents, qui semblent associer la taille du produit à son degré de sécurité. Notre objectif est d’avoir un objet discret, léger, facile à installer, sécurisé et comfortable à la fois. Notre bracelet passe inaperçu sous le pantalon et facilite ainsi la réinsertion sociale en permettant à certains détenus de rester à la maison sous contrôle de la justice.

Le projet est aussi un véritable concentré de haute technologie qui évite les fausses alarmes et ainsi les déplacements inutiles de la police. 

Alp ICT: Comment gérez-vous l’évolution rapide de votre société de start-up à PME?

José Demétrio: En-dessous de 30 collaborateurs, la gestion d’équipe peut se faire de manière horizontale. Aujourd’hui ce n’est plus le cas pour Geosatis et nous sommes en pleine transition organisationnelle avec la mise en place de processus et d’une hiérarchie, ne serait-ce que pour la communication interne. L’équipe de direction a décidé de se structurer à l’image d’une grande société, dans une démarche de qualité assez stricte pour pouvoir répondre à la demande entrante. Nous nous sommes structurés avec anticipation afin d’être prêts pour l’accélération de nos activités.

L’avantage est que notre direction a à la fois de l’expérience dans les grandes sociétés et un passif entrepreunarial, ce qui facilite la gestion de cette évolution. Il est à noter que nous avons reçu la Certification « Management de la qualité » en étant moins de 10 employés, ce qui démontre notre anticipation de structuration pour gérer le développement que nous vivons aujourd’hui. L’objectif est de se déployer d’un point de vue global afin de répondre aux nombreuses demandes actuelles, en recrutant et en lançant bientôt une nouvelle levée de fonds. 

Alp ICT: Quelle est votre vision sur l’IoT?

José Demétrio: Le bracelet que nous proposons est en lui-même un objet connecté qui dépend de son environnement, en tire de l’information, ce qui mène ensuite à la prise de décision. Nous avons un département d’analytics pour aller plus loin dans le traitement de ces données et leur intégration dans l’environnement. La mise en commun d’information peut déboucher sur un champ d’applications très large et Geosatis souhaite avancer en ce sens. Nous avons aussi une bonne expérience dans la sécurité puisque toutes les données sont cryptées. Geosatis s’intéresse de près à l’exploitation des données collectées.

Notre société a donc beaucoup de compétences en interne sur les objets connectés depuis sa création en 2011, ce qui nous permet de nous projeter et imaginer développer d’autres produits connectés. Nous développons en interne plusieurs projets dans le domaine, notamment le tracking de conteneurs connectés, qui est un autre marché qui va prendre de l’importance dans les années à venir. Et nous sommes ouverts à toute proposition. 

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