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Mobilité / Big Data

L’importance des données dans les systèmes de mobilité

par David Delmi

Il y a une année en arrière, je tentais d’esquisser ce que pourrait être notre mobilité dans un futur proche (1).

Sans pour autant se projeter plus loin dans le temps et en tant qu’usager d’un service de mobilité (qu’il s’agisse de commander son billet de train via son téléphone, de commander une course avec une application de ride-sharing, ou de louer un vélo en libre-service) avons-nous conscience que ces systèmes fonctionnent avec bon nombres de données, de NOS données ?

En effet, il nous faut de plus en plus souvent partager des informations, par exemple notre géolocalisation, afin de permettre à notre application de courses à la demande favorite de nous offrir le meilleur service possible. Les opérateurs sont friands de ces données pour fournir la meilleure expérience utilisateur, mais aussi afin d’optimiser leurs opérations et être ainsi plus efficaces. Bon nombre de données sont également échangées entre les différents systèmes existants, afin notamment d’optimiser leur fonctionnement ou rendre des services supplémentaires. Comme par exemple l’application de consultation des horaires de Car Postal qui a, durant plusieurs mois, intégré des courses de co-voiturage à proposer à ses clients pendant les heures creuses (2) !

Figure 1 Source : CODATU 

A mon sens, la figure précédente illustre parfaitement les échanges et les synergies possibles entre les différents acteurs de la mobilité actuelle. Au final, il s’agit de constituer un écosystème performant avec comme principal objectif d’affiner l’offre en fonction de la demande ainsi que la qualité des services (qu’ils soient numériques ou non).

Je trouve intéressant de garder à l’esprit le cercle vertueux que représente le cycle d’échange des données dans un contexte de mobilité qui se doit d’être toujours flexible et immédiat. Si le cadre, notamment légal, sur l’utilisation de ces données est bien conçu, il est alors possible d’améliorer notre mobilité et notre qualité de vie tout en réduisant l’impact sur notre environnement.

Alors ce partage des données est-il problématique ou peut-il au contraire être bénéfique ?

La réponse à cette question est plus que jamais d’actualité dans la situation post-confinement que nous connaissons et que nos habitudes, notamment de mobilité, ont été chamboulées.

Dans le contexte que nous connaissons actuellement, cette intégration des systèmes de mobilités (appelée également MaaS – Mobility as a Service) pourrait bien être la clé pour compenser, notamment, des offres individuellement plus restreintes ou limitées qu’avant, tout en offrant plus de félicité aux usagers.

Mais ces avantages ne doivent pas effacer la possibilité de voir nos données utilisées à des fins autres que celles de nous rendre le service attendu. La récente découverte du partage de données des utilisateurs de l’application CFF avec Google (2) interpelle effectivement : les CFF annoncent que les données transmises ne permettent pas d’identifier une personne en particulier. C’est probablement vrai du côté de l’ancienne régie fédérale mais le problème vient ici des possibilités offertes par les recoupements de données réalisés par Google. S’ils sont bien conçus et qu’on les analyse séparément, la plupart des applications ou services ne permettent effectivement pas de remonter aux individus. Mais si vous commencez à croiser (recouper) les données de différentes sources, vous augmentez mécaniquement la possibilité de retrouver des informations personnelles. Et c’est bien là le problème.

Il nous faut donc maintenant identifier quelle est la limite acceptable entre les avantages induits par l’intégration des systèmes et les risques encourus par les recoupements d’informations rendus alors possibles. Dans ce contexte, je pense que la transparence et la compréhension des enjeux sont primordiales, sans tomber dans la naïveté excessive.

Je pense que nous serons de plus en plus confrontés à ces questions relatives à l’utilisation de nos données. Il est donc plus important que jamais de sélectionner ces services en connaissances de cause en évaluant systématiquement l’équilibre entre les risques et les bénéfices que l’on en retire. Et du côté des opérateurs ou fournisseurs de services de mobilité, de communiquer tous les éléments nécessaires afin que puisse se bâtir la confiance réciproque avec ses utilisateurs.

(1) https://blogs.letemps.ch/yann-bocchi/2019/06/21/le-mayen-2023-episode-1-3/

(2) https://www.mobilitylab.ch/fr/projets/details/referenz-details/reduire-le-nombre-de-voitures-grace-au-covoiturage-en-valais/

(3) https://www.rts.ch/info/sciences-tech/11370535-l-application-cff-fournit-des-donnees-de-ses-utilisateurs-a-google.html

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