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Covid-19 : comment le digital aide à contrer l’épidémie ?

par Alp ICT

Alors que la pandémie de coronavirus (Covid-19) s’étend, en Suisse et ailleurs, les technologies se multiplient pour tenter d’enrayer cette maladie, ou du moins pour aider les patients et le personnel de santé. Parmi elles, le digital a sa carte à jouer : chatbots, robots, télémédecine et big data sont notamment déployés pour aider à récolter des infos, à rassurer la population, à soigner les patients, à poser un diagnostic ou même à préparer les futurs vaccins. Tour d’horizon non exhaustif des technologies actuellement en cours, dont la liste s’allonge jour après jour.

Le Covid-19 est la première grande épidémie de notre siècle. Elle représente une excellente opportunité pour les nombreuses entreprises et technologies de santé numérique de voir ce qu’elles peuvent faire pour aider à contrecarrer cette menace. C’est également une opportunité pour repenser la relation médecin-patient. « Le coronavirus, bien qu’il pèse de manière négative sur nos vies, représente une opportunité de repenser tout le modèle de la façon dont nous voyons nos patients, certainement en utilisant la technologie », précise le Dr Shafi Ahmed, médecin anglais et pionnier de la chirurgie en réalité virtuelle, dans une interview au site Mobihealthnews.

En Chine, les géants technologiques ont répondu à la pandémie en déployant des véhicules autonomes pour approvisionner le personnel médical, en équipant des drones de caméras thermiques pour améliorer la détection du virus ou encore en prêtant leur puissance de calcul pour aider à développer un vaccin. Alibaba a annoncé avoir mis au point un nouvel outil de diagnostic basé sur l’intelligence artificielle. Selon le géant chinois, son algorithme est capable de détecter les infections avec un taux de précision allant jusqu’à 96%, le tout en environ 20 secondes.

Baidu, l’équivalent chinois de Google, a mis au point un modèle d’intelligence artificielle pour détecter les personnes qui ne portent pas de masques de protection. Un autre problème qui se pose avec les masques est lorsque la moitié du visage est cachée, les solutions de reconnaissance faciale traditionnelles ne fonctionnent plus correctement. Dès lors, les citoyens sont obligés de retirer leur masque pour payer leurs courses ou accéder à un bâtiment, ce qui pose des problèmes d’hygiène. SenseTime, une société hongkongaise spécialisée dans la surveillance automatique de foules, a ainsi développé un système d’identification qui fonctionne malgré le port d’un masque de protection.

Robots et chatbots en force

Dans le district de Kaifu (province de Hunan), ce sont des robots qui mesurent la température corporelle, enregistrent les données et désinfectent les mains des employés le matin à leur arrivée au travail. Cela permet d’améliorer l’efficacité des contrôles et de réduire les coûts de main-d’œuvre. Les Etats-Unis ne sont pas en reste pour le déploiement de solutions digitales. La première personne diagnostiquée aux États-Unis était ainsi traitée par quelques professionnels de santé, mais également par un robot, selon CNN Health. Ce robot, équipé d’un stéthoscope, prend les signes vitaux de l’homme et communique avec lui sur un grand écran.

Les chatbots sont aussi largement utilisés aux USA. Ces robots conversationnels permettent de rassurer les gens et les aident à se faire soigner, tout en les tenant à l’écart des centres de soins d’urgence. La start-up 98point6, basée à Seattle, propose des visites virtuelles via son application. Les patients commencent à discuter avec une intelligence artificielle avant d’être transférés à un médecin qui poursuit la conversation par SMS. A fin janvier dernier, Bright.md, une start-up de Portland, a mis quant à elle en service son propre système de dépistage des coronavirus. Son produit utilise l’IA pour mener des entretiens à distance avec les patients. Lorsque l’application de Bright.md signale un cas possible de coronavirus, le logiciel organise automatiquement une rencontre vidéo avec un médecin.

En Israël, le centre médical Sheba a appliqué la télémédecine à 12 patients mis en quarantaine. Surveillance à distance des protocoles de traitement, examens médicaux sans présence de personnel médical et robot contrôlé à distance par des médecins (avec écran, caméra et équipement médical) ont été déployés sur place.

En France, qui vient d’annoncer la fermeture de ses écoles, le site Doctolib spécialisé dans la prise de rendez-vous médicaux met gratuitement à disposition la téléconsultation pour tous les médecins du pays pendant la durée de l’épidémie. En Suisse, Unisanté (CHUV) à Lausanne a mis en ligne un test qui permet d’évaluer le risque d’être porteur du virus. Il est disponible sur www.coronacheck.ch. 

L’épidémiologie numérique se développe

Le numérique permet également de jouer un rôle clé dans l’information et donc sur l’anticipation de la maladie. C’est ce que l’on appelle l’épidémiologie numérique, qui consiste à récolter, analyser et trier les gigantesques masses de données produites sur internet. Cette technique est rendue plus simple actuellement, grâce aux populations hyperconnectées. « Les données existent, mais les agences de santé publique doivent courir après, ce qui prend un certain temps. L’épidémiologie numérique offre des outils qui leur font gagner en réactivité », précisait Marcel Salathé, professeur d’épidémiologie numérique à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, dans une interview au journal Le Temps.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, basé en Suède, scrute ainsi l’apparition des maladies grâce à internet et aux réseaux sociaux. Dans le cadre du projet Epidemic Intelligence, des spécialistes des données et des médecins épidémiologistes analysent internet, les médias et les réseaux sociaux à la recherche de nouveaux cas. Reste que leur tâche est énorme. Pour le coronavirus, des millions de tweets par exemple analysés chaque jour.

Dans le même ordre d’idée, l’Université Harvard a développé HealthMap. Cette carte interactive propose une surveillance de l’épidémie. Sur une carte mondiale, chaque point correspond à des cas cliniques, des décisions politiques ou encore des articles de presse. Ces initiatives, qui se multiplient, permettent d’avoir une idée assez précise et surtout très rapide de la progression du virus. Le numérique permet d’éviter les lenteurs des processus habituels, au cours desquels les informations médicales sont remontées du terrain jusqu’aux agences de santé, avant la communication au grand public.

Enfin, le Health Tech Hub, basé à Copenhague, utilise la puissance de diffusion et de partage du digital. Il vient de lancer un appel mondial à solutions. L’idée est de recenser les meilleures solutions disponibles et de les partager en ligne après validation. 

Une copie « synthétique » du virus

Des chercheurs d’un laboratoire de l’université de Caroline du Nord vont encore plus loin que recenser et informer : ils essaient de créer une copie du virus. Pour ce faire, ils utilisent uniquement des lectures informatiques de la séquence génétique mises en ligne par les laboratoires chinois en janvier dernier. Créer un virus « synthétique » donne aux chercheurs des moyens puissants pour étudier les traitements, les vaccins et la façon dont les mutations pourraient rendre le virus plus dangereux.

On le voit, l’éventail de solutions, notamment numériques, est large. Il pourrait être amené à se multiplier, surtout si le coronavirus poursuit son expansion. Affaire à suivre donc…

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